Peaky Blinders

Un soir, partagée entre l’application minutieuse de mon vernis à ongles et un zapping frénétique (presque) désespéré, je tombais sur ma chaîne fétiche, Arte. Me voilà donc en train de regarder d’un oeil distrait « Peaky Blinders ». Ce dont je ne me doutais point, c’est la spirale où je venais de mettre une pointe de pied (mais fraîchement vernie je te l’accorde).

Ô monde cruel et sadique!!! Quelques heures ont suffi à te rendre dépendant à tes deux petits épisodes hebdomadaires quand soudain, une voix off t’annonce que tonight c’est le final episode … Et forcément, les cinq dernières minutes sont celles qui te font sauter dans ton canapé, cherchant vainement à prédire un avenir qu’on refuse de te dévoiler…Non, non rendez-vous en 2016 pour la saison 2…..Non mais j’ai envie de répondre WTF !!!!!!!!

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Peaky Blinders ???

Cette mini-série (saisons de six épisodes) est basée -car forcément romancée- sur l’histoire vraie de la famille, ou plutôt devrais-je dire du clan Shelby qui fit régner la terreur sur la ville anglaise de Birmingham dans les années 1920. Vivant de vols, rackets, du marché noir ou encore de paris illégaux, les Shelby doivent leur surnom « Peaky Blinders » aux lames de rasoir dissimulées dans leurs casquettes. Leur but? Etendre leur emprise sur d’autres territoires, ceux détenus par les gangs adverses chinois, gitans, italiens, juifs… Bref, ça va saigner!

101_000194 La première saison se déroule dans l’ambiance « poisseuse » du Birmingham misérable de l’après-guerre où se côtoient malfrats, flics corrompus, communistes, activistes de la toute nouvelle IRA (Armée Républicaine Irlandaise), et les services secrets commandités par Sir Winston Churchill himself. La loi du plus fort où chacun avance ses pions dans la manipulation, gagne une respectabilité dans le sang…

Le brummie

Souvent la version française est décevante. Pour cette série, c’est juste de l’homicide volontaire! Que tu comprennes l’anglais ou non n’est pas la question…Cette série doit se regarder en VO sous-titrée mais JAMAIS en français! Pour conserver le jeu des acteurs, l’ambiance donnée par quelques accents très marqués à la brummie.

Le brummie ou brummy étant l’accent typique de Birmingham, le « I quite like you » devient plutôt « oy kwoyt loyk yow » d’où les sous-titrages parfois bienvenus même quand on maîtrise la langue.

Un casting

De qualité serait peu dire! L’excellent Sam Neill (L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, Jurassic Parc, Les Tudors…) est Chester Campbell, inquiétant inspecteur de police, envoyé pour reprendre contrôle de la ville.

Peaky Blinders Son attention va vite se porter sur Tommy Shelby, chef des Peaky Blinders, joué par Cillian Murphy (Inception, The Dark Knight, Tron, La jeune fille à la perle…).

Tommy Shelby, piégé dans ce destin de malfrat qui est le sien, est aussi violent qu’attachant, multiple et ambigu. Car tout ne tourne pas qu’autour des armes dans cette série. Le jeu des acteurs est fin et te laisse comprendre ce qui les a amené là, ce qui les anime. Peut-on réellement changer de vie? A-t-on le choix de sa destinée quand on se construit dans de telles conditions, quand on a survécu à la barbarie?

Bref, tu auras bien compris (sinon je te l’annonce) que Tommy Shelby parvient à te faire pencher de son côté…Et à lire les réactions des internautes, les hommes aussi sont conquis à leur manière. Ce n’est donc pas une faiblesse féminine… (je te voyais venir!)

…He’s a god, he’s a ghost, he’s a man, he’s a guru…

Un physique, oui, mais atypique; une personnalité qui te conquiert progressivement au fil des épisodes, par des failles, une audace et des répliques qui malgré le contexte te font parfois rire (humour anglais oblige)….

Peaky-Blinders-diffuse-sur-arte-des-le-jeudi-12-mars-essentiel-series Les femmes ont aussi toute leur place dans cette série à priori un brin macho. Cette période de l’après-guerre fut très importante dans l’évolution de la condition féminine. Bon, tourné comme ça, ça fait un peu féministe mais il fallait en avoir de la personnalité pour s’affirmer, et dans l’univers des Peaky Blinders, elles n’en manquent pas. Ce sont même elles qui mènent ce monde…comme toujours j’aurais tendance à dire, mais Shhhhhh, on va continuer à laisser les hommes croire!

Ha, et puis pour revenir à notre héros (oui c’est aussi le tien à présent, c’est hypnotique hein?), dans tout monde de malheur il y a une histoire d’amour impossible…ou le deviendra-t-elle dans les prochains épisodes? C’est aussi, et surtout, cette intrigue amoureuse qui va te mener par le bout du nez…

Un esthétisme

Dès les premières minutes, il est difficile de ne pas être tiraillé entre d’un côté la vision sordide de la misère, d’un Birmingham pionnier de la nouvelle ère industrielle, et de l’autre la beauté des cadrages, des plans caméra, des éclairages mêlant le chaud et le froid. La poésie s’invite même sur quelques séquences.

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Un même rendu est voulu à travers les photographies officielles dont tu vois quelques unes sur cette page. Un brin déroutant comme sensation… à l’image de la vie elle-même, le bien et le mal, la joie et la douleur, rien n’est jamais tout à fait blanc ou noir…(bon enfin là, c’est surtout moi qui m’égare).


Les costumes et coiffes aident bien entendu à se plonger dans un monde à peine vieux de cent ans. Les femmes se sont affranchies des corsets et robes longues. Elles commencent même à oser le pantalon alors que les années folles se profilent (mais sssshhhhhh ça sera pour plus tard….non non pas de spoiler sur cette page!). Pas de doute, elles ont soif de liberté.

Peaky Blinders Episode 5

Les hommes, tous malfrats qu’ils sont, soignent leurs tenues dans les moindres détails. Le look a toute son importance dans le paraître, autant que de nos jours. En premier, ce qui saute aux yeux, ce sont évidemment les coiffures des hommes (la moustache n’est pas sur-représentée, désolée pour les fétichistes du poil!). Au début, ça peut interloquer. J’ai même eu une pensée émue pour les femmes des acteurs qui, elles, n’ont rien demandé à personne…trois saisons à voir ton mec avec une coupe pareille…quand même!… Mais après réflexion, ça m’a rappelé mes années en Angleterre…je suspecte certains restes de ces années capillaires chez les Anglais! Et mine de rien, à l’époque ils avaient déjà, par ce côté, un petit quelque chose de punk qui transparaît aussi dans la bande-son.

Une bande-son incroyable

Et oui, car à tout ça on ajoute des extraits (oh juste un soundtrack de plus de 3H de musique pour un total de douze épisodes! En écoute par un clic sur Deezer) de grands noms comme Nick Cave, Tom Waits, Jack White et son groupe The White Stripes, Artic Monkeys, The Kills, PJ Harvey, Hozier….

Bref, de ballades folks au rock, teinté parfois de punk, en plus des yeux on s’en prend plein les oreilles…. On a beau le dire, elle ressort cette conviction que la musique, et le rock en particulier, n’est pas « que » une chose parmi d’autres pour les Anglais, et plus largement pour le Royaume-Uni et l’Irlande. Elle fait partie d’eux. Elle est partout.

Voilà mon billet sur les Peaky Blinders se termine avec un petit spoiler. Ha bein oui quand même! S’il ne t’a pas convaincu (mon billet où j’ai mis toute mon âme à te séduire), je ne peux plus rien pour toi!!!

Si par contre ça te titille, n’attends pas plus longtemps pour chercher ton streaming saison 1 et 2 en VOSTFR (Tom Hardy et sa femme dans la vie l’actrice Charlotte Riley s’ajoutent au casting!)… avant que Tommy Shelby revienne cet automne sur la télévision anglaise pour la saison 3 (Thank Goooood!).

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